Le quilt, pour moi est un moyen d’exprimer ses émotions et aussi ses convictions. C’est ce qu’ont fait les américains qui  ont réalisé quantité de patchworks exprimant leurs opinions politiques ou religieuses. Les plus anciens exemples connus  d’après Patricia Turner, (experte en quilts et professeur d’études des Africains Américains et Africains à l’Université de Californie, Davis) sont aussi les premiers portraits créés dans la tradition du quilt Africain Américain.

http://www.americanpopularculture.com/archive/politics/quiltclub.htm

Elle précise qu’actuellement des centaines de quilteurs utilisent le support quilt pour affirmer leurs positions politiques.

Le résultat est parfois douteux. Je me souviens avoir été très choquée lorsqu’en Angleterre j’ai vu pendant une exposition de quilts contemporains un quilt décoré de …. préservatifs. A l’époque la bataille de la contraception et la peur du sida dominaient la vie des gens….

Néanmoins j’ai fait aussi plusieurs quilts de cette sorte. Tous ne sont pas contestataires. Le premier a été « Le bouquet de Tistou » et a un aspect anodin. Pourtant c’est un quilt pacifiste dans la lignée Hippie de « faites l’amour, pas la guerre ». Le Jeu de l’oie du Bicentenaire » célèbre  le bicentennaire de la révolution. A l’époque, et malgré le choc pétrôlier de 1973 nous étions encore optimistes. Nous avions foi en l’Europe et son avenir. Nous pensions que l’industrialisation et le libre échange allaient enfin instaurer paix et prospérité partout. Et j’ai voulu rappeler tous les acquis de ces deux cent ans.

Plus violent est le crazy noir et blanc barré d’une croix nazie de « ceux de Maïdenek » qui est un hommage à ceux qui ont connu les camps de concentration.

Il y a deux ans j’ai réalisé  « Retour à la beauté du monde » : un tsunami engloutissant tout ce béton qui nous étouffe et permettant à la nature de retrouver ses droits. Je voulais exprimer mon ras le bol devant ces mégapoles qui détruisent la nature et enferment les gens dans des murailles sans vie.

le barrage s’effondre et la nature reprend ses droits

Cette année, comme nous sommes sous le coup des crises financières qui menacent de nous saigner à blanc  j’ai réalisé « Les deux faces du Dieu Argent ». Au début je voulais simplement faire le monstre dévorant la substance des gens de « Capitalisme » mais je ne parvenais pas à concrétiser mon idée. J’ai donc fait la contrepartie: « L’or et l’argent » tout de douceur avec ses lamés argent et ses satins clairs. L’argent c’est aussi ce métal précieux qui permet la confection de ravissants bijoux dont nous aimons à nous parer. C’est aussi ce qui nous permet de nous procurer nourriture, chaleurs distractions etc…

Mais le monstre me tirait de tous ses tentacules pour que je lui donne vie et je me suis donc remise au travail. Comme fond, des graffitis en noir et blanc qui représentent la foule des travailleurs vivant pour  son seul profit. Pour le monstre les gens ne sont que des ombres sans couleur qu’il exploite sans les voir. Et lui en rouge vif se gonfle de tout ce qu’il a détourné. Et pour montrer qu’il s’agit d’un mal qui affecte toute la planète j’ai dessiné sur lui des symboles monétaires Je n’avais pas recherché l’effet mais lorsqu’on les met l’un à côté de l’autre, le monstre absorbe aussi la substance de son compagnon..

L’un comme l’autre sont très difficiles à photographier: les lamés et satins reflètent la lumière et les teintes très pastel du crazy ressortent mal sur la photo. Et le monstre éteint le fond sur lequel il est posé, dénature les couleurs….il ne remplit que trop bien sa fonction.

Le quilt que je viens de terminer à l’occasion de l’année du patrimoine exprime aussi une conviction…. positive cette fois la conviction que nous , les français, nous avons en nous le courage, l’audace, l’énergie nécessaire pour matérialiser un rêve et qu’il suffirait sans doute de peu de chose pour les réveiller. Vous le découvrirez bientôt.

Les quilts politiques ne changeront pas le monde. Mais il peuvent être aussi simplement des témoins. Témoins du fait qu’il y a des gens qui regardent et qui ne sont pas forcément d’accord avec ce qu’on leur fait ou avec ce qu’on fait en leur nom.